Event de Noël: la découverte de l'Atrovie.

Le vent souffle fort. Les voiles et le bois du bateau craquent au rythme du roulis. L'air sent la mer à plein nez, et l'équipage du bateau ne semble savoir communiquer qu'en criant.

Le soleil est haut, les nuages peut nombreux. Et la terre est à l'horizon. Pourtant, malgré ce qui semble un décors assez agréable, vous n'êtes pas sur le pont. Ni dans votre cabine. Vous êtes dans la cabine du capitaine (enfin, supposés y être). Le vieil homme est grand, barbu, une pipe en bois aux lèvres et une cascade de cheveux blancs comme l'écume lui tombe sur les épaules. Il a les bras croisés sur sa poitrine, et vous observe tous, un par un, d'un air renfrogné.

-Dys a disparut. Elle est introuvable dans tout le bateau, et il nous manque une chaloupe. On pense qu'elle est partie sur terre, toute seule, comme une grande. Vous devez aller la chercher.

Il se met à marcher. Lentement. Au rythme des vagues qui font tanguer le bateau. Ses yeux perçants semblent fixer un point quelques centimètres au travers de votre tête. Sa voix est rocailleuse, grondante.

-Il faut la retrouver. A tout prix.

Pourquoi ? Dys est une princesse. La fille du roi de Tarria, en vérité. Il est donc très probable que si vous revenez sans elle, vous soyez tous exécutés jusqu'au dernier. Voir pire. Le "A tout prix" du capitaine flotte dans l'air, le temps pour vous d'imaginer ce qui risque de vous tomber dessus si vous n'allez pas au bout de la mission.

-Et puis c'est une gentille gamine.

"Pas faux" marmonne quelqu'un. Le Capitaine vous regarde tous, encore, un par un. Puis il s'assoit et sort une bouteille de rhum.

-Vous étiez techniquement là pour explorer le continent. C'est donc ce que vous allez faire. Tout à l'heure on vous à remis des petits papiers: écrivez un message, et il apparaîtra sur celui des autres, ou celui de qui vous aurez précisé le nom. Dys est partie avant la distribution. Vous avez quartier libre. Essayer de nous ramener un carnet de note et des échantillons, même sommaires, qu'on puisse repartir tout de suite après. M'amuse pas beaucoup, de rester là.

Il boit. Longtemps. Puis vous jette un rapide coup d'oeil.

-Allez. La chaloupe est prête.

HRP:

- Pas faux, remarquai-je.

Il était d'une nécessité particulière que j'approuve la remarque afin de prouver à l'ensemble de l'équipage que je connaissais la princesse. Cela montre mon importance quant à l'échelle sociale du bateau. J'observai le reste des gens. Un homme déboutonnait sa chemise. Sûrement un rival.

Laissez-moi résumer la chose, bande de curieux : Découverte d'un nouveau continent. Je me dois d'en faire partie. Je suis quelqu'un d'important, c'est ce que tout le monde doit savoir. Chacun doit me connaître.
Objectif n°1 : être populaire.

A la fin du discours du capitaine, il fait référence au bout de papier que l'on m'a donné tout à l'heure. Je le ressors donc et vois que personne n'a daigné me répondre. J'avais écrit "Bonjour tout le monde" sur l'objet, accompagné d'un dessin abstrait de quelqu'un qui sourit.

Je fais alors le tour des gens qui se tiennent sur le pont.

- BONJOUR ! Moi c'est Alejandra, et toi ?

Il me répondent tous quelque chose. Je me souviendrai de leurs prénoms plus tard. En tout cas c'est moi qui ait fait le premier pas alors ils ont intérêt à retenir le mien. Je passe ma main dans mes doux cheveux et regarde le soleil, ce qui me donne une allure plutôt flamboyante et fait rayonner mes yeux sombres miel-noisette ; J'espère que ça donnera une bonne impression aux autres.

Je jette un coup d'oeil au bout de papier magique :
Je recherche au plus profond de mes souvenirs. Je crois me rappeler qui est Jared.

Je me tourne alors vers Jared. Il semble concentré sur son bout de papier. Je crois que j'ai déclenché quelque chose chez lui... Il se souviendra de moi !
Je pouffe et ris tranquillement. D'un geste calculé, je tourne la tête vers la rive avec un demi-sourire, et constate que le pont se vide petit à petit ; Nous sommes les derniers à monter dans la chaloupe.
Une fois assise, j'agite mes cheveux dans le vent avec une satisfaction certaine. Puis comme je m'ennuie, je regarde à nouveau le papier de discussion.
Je fronce les sourcils avec une moue pensive.

Les gens n'ont pas l'air très malins dans cette chaloupe. Je les dévisage un par un tout en m'efforçant de rester sympathique. Je me sens tellement supérieure ! Qu'est-ce que ça fait du bien.

Alastor garda le silence. Il garda le silence face aux cris du port. Il garda le silence dans le bateau. Il garda le silence durant tous le trajet, communiquant au mieux avec un sourire muet, un signe de tête discret. Il garda le silence durant le discours du capitaine. Il réussit à esquiver et donc à garder le silence face à Alejandra, et il ne dit rien de plus sur le papier de communication inter-membres.

Pour être parfaitement honnête, Alastor garda le silence toute sa vie. Lors de sa naissance, lors de son premier anniversaire, lors de son Examen, lors de son premier amour: jamais un mot ne franchit les lèvres d'Alastor. Pour une raison fort simple, en vérité.

Le jeune homme était muet.

Tap, tap. Chacun de ses pas était suivit, inlassablement, du bruit sourd du bois contre le bois: vêtu de bleu, appuyé sur un lourd bâton de chêne, le grand noir promenait ses yeux couleur obsidienne sur l'équipage, le large, le continent. Les membres de l'expédition de secours improvisée dans laquelle il s'était embarqué.

Le jeune homme quitta la cabine du capitaine en premier. Il sortit dehors, sous le soleil, pour se réfugier loin de la foule d'explorateurs, pour éviter la conversation. Il vit toute les personnes sortir un par un, mais aucun ne marquait particulièrement son esprit. Il réussit à esquiver la jeune femme qui semblait bondir d'un groupe à l'autre comme un vautour sur une tranche de viande, en se camouflant dans son angle mort, dans l'ombre, derrière des tonneaux. Il n'aimait pas que les conversations: que ce soit un regard sarcastique, de feinte compassion ou d'incompréhension, ceux qui ne parlaient pas la langue des signes lui semblaient étrangers. A ces yeux, ils n'appartenaient au même monde: c'est incroyable comment l'art de la communication peut changer une société.
Alastor ne pouvait parler qu'avec une petite élite. Ceux qui connaissaient la langue des signes. Les autres ne comprenaient pas ce qu'il voulait dire, ne voulaient pas comprendre: ça ne le gênait pas en soit, mais une conversation avait de quoi vite devenir une perte de temps des plus étranges. Aussi, plus il pouvait en éviter, mieux c'était.

L'équipage d'exploration commençait à monter dans la large chaloupe du bateau. Lentement, elle se remplissait de différentes personnes, différents esprits, différentes couleurs, différents sourires. Le regard du jeune homme, cependant, glissa vers la porte du capitaine: quelqu'un. En chemise. Qui semblait pas bien. Pas du genre moralement pas bien, plutôt physiquement pas bien. Dans une virevolte de tissu, le jeune homme fut à ses côtés et lui toucha l'épaule, le visage inquiet et les yeux inquisiteurs. Si il savait parler, il lui aurait demandé si ça allait.

Si il savait.

En tant que charpentier, on m'avait fait part de cette expédition et j'avais acceté d'en faire partie pour veiller sur l'état de ce magnifique bateau qu'était le Saint Espadon. Celui ci était grand, bien aménagé et particulièrement rapide et maneuvrable. J'étais fier d'être à son bord et espérait être de taille pour le garder dans cet état superbe. Lors du départ, peu de personnes avaient été présentes  et le temps était clément, ce qui avait permis au navire de ne pas prendre de retard sur les horaires fixés. Nous devions être de retour d'ici moins de cinq jours.

     La traversée s'était déroulée sans encombres, le bateau n'avait subi aucune avarie et nous étions maintenant en vue d'une nouvelle Terre. Les dirigeants de notre monde l'avaient nommé "Atrovie", un nom simple, doux à l'oreille et qui, selon moi, laissait croire que le pays était propice aux aventures.De là où nous étions, l'endroit semblait calme, bien que sauvage et immaculé.

     Alors que j'étais tranquillement appuyé contre le bastingage à rêvasser face à cet endroit, le capitaine invita tout le monde à se rassembler rapidement dans sa cabine. Une fois tout le monde à l'intérieur, il expliqua la situation: Dys, la princesse de Lascens - si ma mémoire ne me fait pas défaut - avait disparu et tous les hommes en état devaient se rendre sur ce nouveau pays immédiatement pour retrouver la princesse. Enfin, ceci devait rester secret, car si les hautes instances de notre monde apprenaient que nous l'avions perdue, aucun d'entre nous ne pourrait plus le raconter quelques heures plus tard... Notre tâche consistait en réalité à découvrir ce nouveau continent qui regorgeait, j'en étais sûr, de nombreux mystères...

     Tout excité à l'idée de partir en quête d'aventures, j'étais l'un des premiers à sortir de la cabine du capitaine pour me diriger vers la mienne et récupérer les affaires qui pourraient m'être utiles lorsque je foulerai le sol de cette terre. Je ressortais ensuite de ma chambre et me rendait à la chaloupe que le groupe allait emprunter. Celle-ci se remplissait rapidement et l'espace était de plus en plus rare. A vrai dire, je ne connaissais personne et je me demandais comment les groupes d'exploration allaient être constitués... De ma place, j'apercevais une femme qui semblait imbue de sa personne et qui tentait désespérément de nouer la conversation à tous les passants qui avaient le malheur de croiser son chemin. J'espérais fortement ne pas tomber sous ses ordres...

     Lorsque la chaloupe fût pleine de monde, le capitaine s'approcha de la chaloupe. Une fois bien arrimé au bastingage, il s'exclama bruyamment mais d'un ton péremptoire:

"- Je vous souhaite bonne chance matelots ! Que l'exploration soit fructueuse et que les Dieux vous mettent sur la voie de Dys. J'espère que vous serez tous sains et saufs à votre retour. Que les Dieux décident de notre destin ! "

     Sur ces mots, il fit descendre la chaloupe avec l'aide des deux autres hommes restés sur le navire et resta là jusqu'à ce que nous soyons hors de vue. Ses paroles très religieuses laissaient entendre qu'il était hésitant et craignait la sentence de son expéditeur... Ses mots, ainsi que la brume qui commençait à tomber, n'étaient en aucun cas rassurants et avaient déstabilisé ma curiosité et mon attirance vis-à-vis de ce nouveau pays ainsi que celles des autres. Je commençais à regretter d'avoir accepté de faire part de cette expédition...

C'est alors que quelqu'un surgit aux côtés d'Alastor. Il était grand, albinos, vêtu d'une longue veste noire. Il avait le sourire supposément éclatant, mais qui se révélait plutôt comme une grosse balafre pleine de dents au travers de son visage.

"Yerk" pensa Alastor.

Il se mit alors à parler d'une voix haut-perchée, mais qui possédait les traits d'un charisme puissant et les quelques notes d'une suave mélodie.

-Je suis docteur, je peux me charger de le réveiller.

"Le" s'était effectivement effondré au moment ou Alastor l'avait attrapé: le jeune homme en chemise pendant, flasque, entre les bras musclés du grand noir et la poigne d'acier du gringalet livide. Lequel tira de son manteau une longue seringue remplie d'un liquide verdâtre. Alastor écarquilla les yeux.

-J'déconne, fit une voix dans son dos.

Sous ses yeux, l'albinos rangea la seringue sans se départir de son ignoble sourire. Il se retourna lentement (trèèèès lentement). Quelque chose approchait. Un violoncelle. Magique, évidemment.
L'instrument était monté sur un pique de métal, plié de façon à vaguement évoquer une patte d'araignée: elle ne semblait servir que d'appui temporaire, comme si il pesait à peine le poids d'une plume. Les vis sur les côtés du manches, supposément là pour accorder l'objet semblaient lui servir d'yeux, clignant à tour de rôle, ensemble disparate de disques oculaires assemblés sous une grossière esquisse de chapeau melon en bois. Enfin, au niveau du centre du violoncelle, on pouvait voir une bouche s'ouvrir sur la caisse de résonance, entourée de deux trous faisant office de moustache. Et cette bouche, pour l'instant, souriait.

"Yerk", pensa à nouveau Alastor.

-Plus sérieusement mon brave, on peut la prendre en charge.

"On ?"

Le grand black observa l'Albinos au regard vide et mort. Il observa l'instrument étrangement vivant. Il baissa les yeux vers le corps inconscient du gars en chemise, qui avait de toute évidence besoin d'aide. Puis il haussa les épaules et s'en alla. Le violoncelle, en vérité nommé Terence, eut un large sourire craquant (dans le sens ou son bois émit un gémissement au fur et à mesure que les commissures de sa bouche s'étiraient):

-A la bonne heure !

Ses cordes s'étendirent alors, se détachant du manche pour s'enfoncer, à certains endroits, sous la peau de l'évanoui, dans des bruits de sucions assez dérangeant.

"État des blessures: calculs en cours. Soins demandés: calculs en cours. Temps nécessaire au rétablissement du patient: calculs en cours."

A côté de lui, l'albinos gardait les yeux fixés droit devant lui, là où s'était tenu Alastor quelques instant auparavant, souriant toujours. Terence, lui, sifflotait pendant que ses cordes travaillaient.

Le vent peignait soigneusement mes cheveux. D'un geste, je sortis un miroir et le tendis devant moi : Cette brise avait définitivement du goût.
Je penchai la tête et laissai ma main rencontrer ma joue, pensive. "Mais qu'allons-nous rencontrer sur ces terres nouvelles et mystérieuses ?". C'est sûrement la question que l'on imaginera que je me pose lorsqu'on m'épiera timidement.

Timidement, car pour le moment, personne ne me regarde. Mon charme a dû les envahir. Je suis persuadée que mes sept compagnons attendent tous le moment opportun pour jeter un coup d’œil et tenter de retenir mon visage. Certains discutent entre eux. Je reste à l'arrière de la chaloupe, aucune critique ne peut m'atteindre.

Le voyage se fait long, la rive ne semble pourtant pas très lointaine... Peut-être est-ce un effet d'optique, voire même un mirage, puisqu'elle n'avance même pas.

Je suis à court de préoccupations. L'ennui prend place. Pfeuh. Une personne populaire a toujours quelque chose ou quelqu'un pour s'occuper. Je m'empare du papier de discussion.
Moi comme Jared avons effacés nos messages, d'un accord probablement tacite (je ne sais pas trop ce que ça veut dire).
Je prends une grande inspiration et décide de faire un nouvel essai.


Les poches de l'équipage scintillent. Personne ne s'en préoccupe. C'en est assez.
Je me concentre, frotte le papier entre mes mains en canalisant ma force à l'intérieur. L'opération est fructueuse : Deux fans potentiels sortent le papier et l'examinent. Je me mords la joue ; Je m'étais fixée l'objectif de ne pas utiliser de magie.

En attendant une réponse, j'observe ce qui nous entoure. La mer, à perte de vue, qui se confond avec le ciel ; La plage presque blanche qui nous attend depuis des heures ; Et le grand bateau, qui nous suit depuis que nous avons embarqué sur la chaloupe. Pourquoi ne sommes-nous pas restés sur le bateau d'ailleurs, s'il continue le chemin ?

Oh, peut-être n'avançons nous pas.

Je cherche un signe depuis là-haut - le soleil fait briller mes pupilles. Il semble que l'on attend quelques derniers explorateurs qui tardent à rejoindre la dernière chaloupe. Ce voyage va être lent.

-Le grand albinos niais qui me sert de Conteur s'appelle Albion.

Le violoncelle s'approcha de son patient tout juste réveillé, avec son pas toujours aussi aérien. Un sourire plissait sa caisse de résonance et ses quatre yeux brillaient de bonne humeur.

-Vous allez mieux ? Tant mieux, jeune homme. Ne restez pas trop loin de moi, ma magie est là pour vous soigner. Vous pouvez aller gambader, mais ne vous écartez pas trop.

Son sourire s'élargissait. Encore. Albion, lui, restait fixe, sans rien dire, un sourire un peu niais sur ses lèvres tendues. Il fit un petit clin d'oeil à Camille.

*Dis bonjour, souffla Terence.

*Ah tu me sollicite maintenant ?

*Soit poli. Ou ce sera le voyage le plus long de toute ta vie.

*Et qu'est-ce que tu pense d'un voyage avec un violoncelle invasif coincé dans ma tête ?

*J'en pense que tu n'as pas encore découvert un millième de ce que je peux te faire subir. Dis bonjour.

-Bonjour, fit Albion avec un sourire parfaitement naturel.

-Bien, sourit Terence. Grimpons à bords de cette chaloupe, voulez-vous ?

Le Conteur ramassa le sac de jute qui traînait à ses pieds, puis lui, son objet et son patient s'exécutèrent tranquillement. Alastor, lui, rejoignit son poste originel, ce pour quoi il était là: le maître coq retrouva ses cuisines.
Le violoncelle bondit avec grâce par dessus le bastingage, et atterrit doucement auprès d'un jeune homme à l'aspect légèrement nerveux. (Je sais pas comment l'indiquer, mais si ça pouvait être Edwin ça serait cool.) Sans véritable raison, on vit alors Albion reproduire le même geste que son Objet Conteur, une mimique contrite sur le visage. Il bondit avec l'élégance et la légèreté d'un éléphant boulimique et manqua d'éjecter un pauvre gars aux cheveux gris de la barque en s'écrasant entre les bancs. Terence se joignit aux grognements avec un plaisir à peine dissimulé. Albion se redressa, écarlate, et s'assit à côté d'une jeune femme dont les cheveux étaient portés par le vent comme un voile châtain scintillant dans le soleil.

-Excusez-moi, enchanté. Désolé de cette arrivée si spontanée et dérangeante... je peux m'assoir ?

La barque se met à tanguer dangereusement et je m'accroche comme je peux au banc où je suis assise. Un homme vient de prendre place, de la manière la plus violente possible, juste à côté de moi.

- Excusez-moi, enchanté. Désolé de cette arrivée si spontanée et dérangeante... je peux m'assoir ?

Je tourne la tête et jette mes cheveux en arrière de manière calculée. Je l'observe de haut en bas. C'est un homme aux cheveux très clairs et aux yeux rouges que j'ai vu tout à l'heure. Si j'analyse rapidement : Ses couleurs sont originales ; Ses expressions sont particulières ; Il agit de manière à ce que tout le monde le remarque ; Il est poli.
C'est sans aucun doute un rival.
Je dois montrer ce que j'ai dans le ventre, je fais marcher ma mémoire et me rappelle de son prénom.

- Mais oui Albion, bien entendu ! Tu ne m'as pas dérangée du tout !

Il semble stoppé dans son élan ; Il marque un temps d'arrêt et cligne des yeux deux fois. J'ai gagné, j'ai un temps d'avance.

- Vous... tu... connais mon nom ?

- Je suis venue te dire bonjour tout  à l'heure !

Toujours aussi abasourdi, il ferme les yeux :

- C'est vrai, excuse moi, je suis fatigué. Et Terence a fait la moitié de la discussion, non ?

Terrence. Zut ! Quel piège m'a-t-il tendu ! Je ne me souviens pas d'un Térance !
A quoi ressemble Terans ? Ai-je vraiment parlé à Terrensse ? Est-ce qu'Albion se souvient de moi, au moins ? Est-ce qu'il ne fait pas qu'inventer un alibi ? Est-ce que Tairence existe, au moins ?
Est-ce qu'il serait en train de me faire comprendre qu'il ne se souvient pas de moi ? Une technique pour me montrer que je ne suis pas importante ?
Trop de questions ; J'abandonne.

- ...Tu peux me rappeler à quoi ressemble Terence ? Je demande prudemment.

Il penche la tête vers la droite. Je le regarde d'un air mystérieux. Il regarde vers le fond du bateau. Je comprends. Je suis son regard et un violon me fait un signe du haut de son... Corps. Là où sont accrochées toutes les cordes. J'observe le violon animé et me plonge dans mes souvenirs.

- BONJOUR ! Moi c'est Alejandra, et toi ?

Le prénom de l'homme clair est : Albion. Je lui souris. Quelque chose se met à parler. Je regarde le violon avec un air compréhensif. J'écoute le son de ses mots. Je commence à m'ennuyer. Je me mordille la lèvre. Quelqu'un passe à côté de moi.

- BONJOUR ! Moi c'est Alejandra, et toi ?

- Ooooh bien sûr ! Comment ai-je pu l'oublier ! M'exclame-je.

Pour couronner cette petite boutade, je suis prise d'un rire cristallin que je cesse au bon moment. Certains dans la barque se sont retournés ; Je suis toujours le centre de l'attention.

- Assez facilement j'en suis sûr, reprend Albion. C'est quelqu'un d'asseeeeeeez... (Silence. Il me regarde d'un sourire crispé, je dois lui faire de l'effet.) Sinon, qu'est-ce que tu viens explorer l'Atrovie pour l'exploration ou quelque chose d'autre te motive ?

Je m'étais préparée pour ce moment. Je suis prête à énumérer mes qualités.

- Oh, je pense être en mesure d'être très utile pour l'exploration ! Je peux faire rire, partir en éclaireur, aider, avoir des idées... Je me suis dit que j'étais la personne idéale pour aller en Atrovie dans les tous premiers !

Il ne répond pas. Il me regarde droit dans les yeux, et je crois voir une forte admiration envers ma personne. J'ai clairement gagné ce combat.
Le silence se fait pesant. Je ressasse mes derniers mots. Y a-t-il un problème ? Oh je sais ! Toujours s'intéresser à l'autre.

- ...Et toi ?

*Réagis, bougre d'andouille !

*Tu viens vraiment de me traiter de...

*Allez !

Albion agita la tête, papillonna des yeux. Puis repris avec un sourire un peu gauche.

-Oui pardon excuse moi. Désolé. Je suis médecin.

*Pardon ?

-Terrence est médecin. Enfin docteur. Enfin c'est techniquement un instrument mais sa magie peut guérir. Et du coup on est venu, on s'est dit que vous auriez besoin d'un docteur pour... ce que vous faites si bien.

-Oh c'est tellement gentil ! Je n'ai jamais eu de médecin particulier ! (avec un grand sourire).

*Elle est sympathique, rêvassa l'Albinos.

*Elle est sacrément arrogante, oui !

*Non, je vois pas pourquoi.

*Tu ne vois pas pou... Heureusement que c'est moi la tête pensante, mon gars.

*Objectivement tu n'as pas de tête.

*Silence quand je pense.

*Ou sinon tu vas me jouer des accords désastreux ?

Il y eut un son étrange, violent, aiguë, provenant de l'arrière de la chaloupe. Un peu comme si une corde de violoncelle s'était trouvée une passion pour les gammes du suraiguë, avait fait une crise d'apoplexie peu après et s'était arrachée au manche de l'instrument dans un cri d'agonie aussi violent que bref.

*Oui.

*C'était vraiment toi, ça ?

*Mon pizzicato est une arme terrible.

Le Conteur Albinos fronça les sourcils.

*Tu sais que tu regardes toujours Alejandra ? En me faisant les gros yeux ?

Le Conteur Albinos sourit.

*Tu as toujours les sourcils froncés.

Le Conteur Albinos se détendit. Avant de refroncer les sourcils.

*Tu me donnes des ordres sur comment maintenir la position de mon visage maintenant ? Tiens toi à carreau Terrence parce que ce que là on est partis pour devenir des explorateurs incroyables alors...

*Tu fronces encore les sourcils.

Albion se dépêcha de remettre son sourire niais en place.

- Hmm. Oui. Hmm.

J'acquiesce gentiment à tout ce qu'il dit. Puis, le silence revient.
Je le regarde. Il me regarde.
Mes oreilles se crispent ; Quelque chose vient de longuement crisser à l'arrière de la chaloupe. Je ne me retourne pas ; Je n'ai pas à m'intéresser à autre chose que moi-même. Je suis la plus importante, ici.

J'observe Albion. Il me regarde toujours. Il fronce les sourcils d'ailleurs. Soudain, il se décrispe. Puis, il se remet à froncer les sourcils.
Je n'ai aucune idée de ce qui se passe dans sa tête. Je suppose que ce n'est que l'effet de mon charme sur ses hormones.

Je décide de ne plus lui montrer d'intérêt, pour le chambouler un peu. Je tourne la tête et regarde au large. Que vois-je ?

- ATROVIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE !

Je m'empare du papier de bavardage, ignore les derniers messages et marque en gros caractères :

Je suis satisfaite. Nous sommes arrivés et je suis la première à l'avoir dit.

Un homme prend la parole d'une voix claire :

- Alejandra, on le voit depuis hier soir le continent.

C'est Jared, ses cheveux gris lui balayant le visage. Il descend de la barque qui vient de heurter le sable. C'est sûrement une technique de drague de me montrer ainsi sa supériorité, mais je ne faiblis pas. Je m'explique.

- Oui, mais c'est la première fois qu'on la voit d'aussi près. C'est la première fois dans le monde qu'un humain voit ce continent d'aussi près.

Jared plisse les yeux.

- Hmm, c'est vrai...

Il arrête de me regarder et préfère observer la plage. Je suis pourtant beaucoup plus fascinante que la plage... Il y en a partout, des plages.
Je saute sur le sable à mon tour.

Après le discours du capitaine, je sors de la cabine et m'accoude à la balustrade en bois. Je regarde distraitement l'eau bleutée qui nous entoure et me retourne pour m'intéresser d'un peu plus près aux personnes présentes sur le navire. Ce n'est pas très utile malheureusement étant donné que j'ai énormément de mal à retenir les visages. Je souris brusquement en repensant aux ordres donnés. La situation dans laquelle Dys se trouve n'est, possiblement pas, la meilleure qui soit mais cela n'enlève en rien le goût de l'aventure et de la nouveauté arrivant sous peu. N'ayant jamais réellement quitté la maison familiale, j'ai tout de suite accepté de partir sur les flots lorsque que ce voyage me fut proposé. 

Maintenant que je me mets à dévisager les gens aux alentours, je me rends compte qu'il y a peu de femmes comparés aux hommes. C'est une chose que l'on peut considérer comme normal après tout. Enfin, ce n'est aucunement cela qui me dérangera. Je cligne rapidement des yeux afin de me focaliser sur un autre élément. A chaque fois que je porte mon attention se porte sur un point précis, mon esprit ne peut s'empêcher de divaguer sans que je ne m'en rendre compte. C'est d'ailleurs la même chose pour les discussions et c'est assez épouvantable. Je me demande bien d'où me vient cette caractéristique, le fait d'être si naïve et distraite si aisément. Pas que je m'en plaigne le moins du monde mais cela doit être légèrement énervant pour mes interlocuteurs de ne pas pouvoir rester sur un sujet de conversation plus de deux minutes. Bon sang ... Ces terribles monologues intérieurs me fatiguent aussi finalement ...

Je n'ai pas encore touché au papier que l'on nous a donné. Que peut-on bien y écrire hormis une basique présentation de soi ? En toute honnêteté, je préfère largement voir avec qui l'on parle. Noter sur une feuille son nom et sa description physique n'était pas très agréable -ni très appréciable- pour communiquer. Malgré tout, cette technique aurait été efficace pour ma part. Avoir un oeil pâle comme le ciel et un autre marron clair n'est pas si ordinaire. Pour le reste, je suis, d'après beaucoup, plutôt basique. Quoique, Astryen est-il un prénom si normal ? J'imagine que oui. 

Je m'approche des chaloupes et me prépare à embarquer. Je n'ai toujours pas décroché un seul mot depuis le début et j'espère sincèrement que cette fameuse mission -n'oublions pas l'essentiel après tout !- me déliera la langue autant qu'elle m'impatiente.

Je méditais déjà depuis un bon moment sur les faibles pourcentages de chance de survie de notre petit équipage, lorsqu'un bruit déchirant me sortit de mes pensées. Mon regard se tournait directement vers le nouveau continent, mais rien ne semblait plus calme que celui-ci. Apeuré, je me tournais vers mes compagnons. Aucun ne semblait serein. Je remarquais alors qu'un violoncelle ainsi qu'un homme (que je supposais être Conteur) dont le contraste entre les couleurs de peau et de vêtements m'étonnaient, s'étaient installés à mon côté. Et sur leur droite, l'épouvantable et arrogante jeune femme leur parlait. Pauvre homme. Détournant le regard, j'espérais ne pas être la prochaine victime de ce monstre et ce souhait me semblait réalisable puisque la côte n'était plus très loin. Encore quelques dizaines de mètres et je serais sauvé. J'observais la côte dans l'espoir de découvrir des indices concernant le princesse mais je ne trouvais rien. Dommage.

    La barque avait maintenant gagné la côte et la jeune femme s'était éloignée. Tant mieux. J'approchais donc d'une petite tape sur l'épaule l'Albinos, en quête d'un camarade dans cette folle aventure:

"- Bonjour Compagnon. Je suis Azrean, 27 ans, charpentier butineur, j'ai accepté de faire part de cette expédition pour l'aventure, j'ai toujours aimé la nouveauté. Mais, autant le dire franchement, pas pour partir à la recherche de cette princesse au risque d'y perdre ma tête... Et toi ?"

     Mes vêtements n'étaient pas des plus attrayants, mais c'était mon uniforme de marin et tant pis si il ne plaisait pas aux autres. Pour ne pas bloquer le passage, je décidais de faire apparaître mes ailes et, lui lançant un signe de la main pour lui dire de me rejoindre, je m'envolais vers ce nouvel espace, qui me semblait aussi commun que neuf, tout en attendant sa réponse.

Terence bondit par dessus le bastingage pour se poser avec précision juste en dessous d'Azrean. L'objet Conteur leva ses quatre yeux vers le charpentier ailé, et lui sourit.

"Yerk" aurait probablement pensé Alastor, sil il été descendu du bateau.

-Bonjour. Moi c'est Terrence, violoncelle. Désolé du bruit de tout à l'heure, navré si ça a posé problème. Je sais jouer de bien plus jolie musique.

Quelques pas plus loin, Albion tentait tant bien que mal de s'extirper de la chaloupe. D'un geste sur et confiant, le visage déterminé et les yeux scintillants de bonne volonté, il jeta son large sac de jute sur le dos, rempli à craquer. Lequel, d'après une loi physique assez fondamentale, l'entraîna de tout son poids selon la courbe du lancé. L'albinos fit un tour complet sur lui même avant que le sac, dans sa courbe descendante ne s'écrase sur ses orteils. Poussant un cri de douleur, il leva le pied droit par reflexe pour le masser au travers de ses chaussures de toiles. Le pied gauche, vacillant en raison des faibles capacités d'équilibristes du Conteur, peinait à maintenir le corps debout. Albion voulut faire un pas en avant, mais s'emmêla dans le sac, traîtreusement resté dans ses pattes, et s'écroula dans un grand fracas sur Jared. Qui, debout au bord de l'eau, s'écroula dans le sable mouillé. Avant de se prendre un rouleau salé en plein visage.

-Hem. Et lui c'est Albion. Mon Conteur. Il a réussi à oublier son sac Conteur. Du coup je me promène à l'air libre, et il trimbale ses autres objets dans le gros sac. Il est un peu... gauche.

Soudain, Albion, vautré au sol au niveau des hanches de Jared, la bouche/les cheveux/les yeux (choisissez votre partie préférée) pleins de sable, se mit soudain à hurler. Suffisamment fort pour attirer l'attention. Terrence fronça les sourcils (métaphoriquement parlant). Jared, la tête dans l'eau, semblait convulser.

-Tirez le de là ! Beugla l'objet en se précipitant vers le jeune homme aux cheveux gris.

De là où il était, il apercevait très clairement quelque chose. Une masse vert pomme, luisante sous le soleil, semblait jaillir du creux de l'épaule de Jared comme une excroissance biologique impossible. Peut-être était-ce une algue, peut-être un animal. Le violoncelle était trop loin pour distinguer la matière, si c'était vivant, si c'était juste posé, si ça mordait Jared. Il bondissait aussi vite qu'il pouvait, mais d'autres étaient plus près. Cheveux gris était allongé dans le sable, la tête à demi-mouillée. Terrence le supposait allongé à plat ventre, joue gauche contre le sable, ses cheveux couleur de cendre lui tombant sur les yeux. De là, il pouvait apercevoir des spasmes nerveux, disparates, irréguliers. Albion était le plus près. Mais bon.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAH"

Albion était, dirons nous, légèrement indisposé par un choc psychologique important et une peur viscérale du bignou qui se dandinait sur l'épaule de Jared.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaargh."

Voilà. Par légèrement indisposé, nous supposions donc qu'il allait s'évanouir dans le sable mouillé. Ou peut-être faisait-il juste l'autruche.

*Vite, il faut que quelqu'un intervienne ! Albion, fait quelque chose !

-HUUUUUUUUUUUUUUMPF.

*Tu as la tête dans le sable.

-AAAAAAAAAAAAAAAAAAH.

*Tu n'aides pas le moins du monde, stupide albinos inutile et pitoyable.

Une étincelle de lucidité frappa Albion au moins en même temps que l'insulte frappa son égo.

-Dixit le violoncelle obèse qui bondit sur la plage comme mon tonton jack gonflé à l'hélium.

*Silence quand je braille.

-Silence quand je m'énerve.

*Silence quand le plus intelligent parle .

-Pourquoi je devrais me taire ?

*Parceque j'ai le plus gros cerveau.

-Tu n'as techniquement pas de cerveau.

*SILENCE.

-Pourquoi tu n'agis pas d'ailleurs, incroyable violoncelle ?

*C'est parce que je suis trop loin. Je ne suis pas du tout limité par un scénario et une écriture qui force les autres voyageurs à agir pour sauver le pauvre Jared d'une chose que je n'ai même pas décrite, pour laisser de la liberté au gens qui auraient la gentillesse de réagir à l'évènement. C'était de l'ironie.

-De quoi tu parles ?

*T'occupes. Sauve le !

-Qui ?

*Jared.

-Le sauver de quoi ?

*Du machin vert.

-Le machin veeeeAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaarh.

*Tu t'es évanoui. Encore. Albion tu es une loque.

-Et bah, là, on dit que le machin verdâtre c'est un méga giga monstre de la mort qui tue et qu'il bouffe tout le monde, pendant qu'au loin le bateau et bah en fait c'est Cthulhu déguisé, et du coup si se redresse, crache des laser avec les yeux, et prend le nouveau continent comme massue pour aller détruire Sinyorël; Mais Zeus, femme d'Odin, comme il est pas content, il invoque le pouvoir de son satellite ultra marin et il crée un kaméhaméha de néant infini pour détruire Chtulhu-le-bateau, mais vu que c'est un Dieu Jedi tout puissant, il avale le néant. Mais l'Atrovie, en fait, c'est un Terraformers, et il se jette sur Chtulhu, et pour sauver le titanic, il entraîne le dieux très Ancien et un canard en plastic dans les méandres de l'Univers pour se battre pendant l'éternité.

-Ah. Et Odin dans tout ça ?

-C'est la Carotte. De Quetzalcoalt. Qui tond des girafes, au Quebekistan.

-Oh. C'est vraiment nul.

-Oui, mais personne veut répondre. Donc c'est moi que j'ai raison. Tro lol.

- Miséricorde. Plus jamais d'Event de Noël avec toi.

-Wééééééé !

-C'était une mauvaise nouvelle.

-Oooooh.

-Je te hais.